Epidémiologie des cancers en Guadeloupe

Santé publique France, en partenariat avec l’Institut national du cancer (INCa), le réseau FRANCIM des registres des cancers et le service de biostatistique-bioinformatique des Hospices civils de Lyon (HCL), publie régulièrement des estimations d’incidence des cancers, de mortalité et de survie en France. Ces informations contribuent à orienter, suivre et évaluer les politiques de lutte contre le cancer.

INCa : https://lesdonnees.e-cancer.fr/Themes/Les-registres-des-cancers/Presentation-et-resume-des-activites-des-registres-generaux/Activite-du-Registre-general-des-tumeurs-de-la-Guadeloupe
https://www.santepubliquefrance.fr/regions/antilles/documents/rapport-synthese/2019/estimations-regionales-et-departementales-d-incidence-et-de-mortalite-par-cancers-en-france-2007-2016-guadeloupe

L’observation de l’incidence des cancers sur la période 2008-2014 permet de distinguer trois situations :

• Des incidences plus élevées que dans l’Hexagone sont retrouvées pour 4 localisations cancéreuses : prostate, col de l’utérus, estomac et myélomes multiples. Des facteurs génétiques (prostate, myélomes multiples) mais aussi des agents infectieux (virus HPV et cancer du col de l’utérus ; Helicobacter pylori et cancer de l’estomac) ou des facteurs environnements (polluants) sont impliqués dans la survenue ou l’exacerbation de ces cancers.
• Des incidences plus faibles que dans l’Hexagone mais en augmentation sont observées pour le cancer du sein chez la femme, le cancer du poumon, le cancer colorectal et le cancer des voies aérodigestives supérieures-VADS (lèvre-bouche-pharynx). Cette tendance s’observe essentiellement pour les cancers liés au mode de vie occidental et à leurs conséquences : obésité, tabagisme, comme c’est le cas pour le cancer du poumon et le cancer colorectal.
• De faibles variations ou une baisse d’incidence sont observées pour les cancers des VADS et du larynx, de même que pour les cancers de la vessie, du système nerveux central et de la thyroïde. Cependant, les faibles effectifs de cas pour la plupart de ces localisations rendent difficilement interprétables les variations observées.

Les caractéristiques ethno-géographiques et socioéconomiques de cette population majoritairement afro-caribéenne peuvent pour partie expliquer ces disparités. Mais d’autres facteurs sont à étudier parmi lesquels :

• L’augmentation du tabagisme en particulier chez les femmes;
• Les modifications des modes de vie et des habitudes alimentaires à l’origine d’un taux élevé d’obésité, facteur de risque de cancer, notamment colorectal;
• La pollution environnementale par les pesticides et particulièrement la chlordécone, qui doit faire l’objet de recherche pour d’autres localisations que la prostate;
• Le rôle des agents infectieux oncogènes : papillomavirus humain (HPV) et ses génotypes oncogènes circulants dans la Caraïbe pour le cancer du col de l’utérus, Helicobacter pylori pour le cancer de l’estomac.